CHAPITRE PREMIER (1)

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K. parlait sur un ton assez hautain, car, bien que sa poignée de main eût été refusée, il se sentait de plus en plus indépendant de tous ces gens-là, surtout depuis que le brigadier s’était levé. Il jouait avec eux. Il avait l’intention de les suivre jusqu’à la porte de la maison s’ils s’en allaient, et de leur offrir de l’appréhender. Aussi répéta-t-il:

«Comment puis-je donc aller à la banque, puisque je suis arrêté?

– C’est bien cela, dit le brigadier, qui était déjà près de la porte, vous ne m’avez pas bien compris! Vous êtes arrêté, certainement, mais cela ne vous empêche pas de vaquer à votre métier. Personne ne vous interdira de mener votre existence ordinaire.

– Cette détention n’a donc rien de bien terrible, dit alors K. en se rapprochant du brigadier.

– J’ai toujours été de cet avis, répondit l’autre. [1]Passage supprimé par l’auteur – «L’interrogatoire, pensa K., semble se limiter à des regards. Il faut le laisser faire un moment. Si seulement je savais quelle est l’autorité qui peut remuer tant de monde pour moi, c’est-à-dire pour une affaire dont rien ne peut sortir pour les autorités. Car c’est déjà remuer du monde que d’organiser ce qui se passe ici! Trois personnes mobilisées pour moi, deux chambres de particuliers mises sens dessus dessous, et, dans le coin, encore, trois jeunes gens qui regardent les photos de Mlle Bürstner!» [2]Passage supprimé par l’auteur - Quelqu’un m’a dit – je ne sais plus qui c’était – qu’il est tout de même étrange qu’en se réveillant le matin on retrouve tout, du moins en général, exactement à la même place que la veille. On a été pourtant, dans le sommeil et dans le rêve, dans un état tout différent de celui de l’homme éveillé, et il faut, comme cet homme le disait justement, une présence d’esprit infinie, un sens étonnant de la riposte, pour situer tout ce qui est là, dès qu’on ouvre les yeux, à la même place que la veille. Aussi expliquait-il que le moment du réveil est le plus risqué de la journée et qu’une fois ce moment surmonté sans qu’on ait été changé de place, on n’avait plus à s’inquiéter le reste du jour. [3]Passage supprimé par l’auteur - Vous savez bien que les subordonnés en savent toujours plus long que le chef.
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