FRAGMENT

FRAGMENT [2]

Une pluie fine tombait quand ils quittèrent le théâtre. Déjà fatigué par la pièce et sa mauvaise représentation, K. se sentit complètement abattu à l’idée qu’il devrait encore héberger l’oncle. Il tenait beaucoup, ce jour-là justement, à s’entretenir avec F. B.; une occasion de la rencontrer se serait peut-être présentée, et si l’oncle était là ce serait impossible. Il y avait bien encore un train de nuit qu’il eût pu prendre, mais le décider à partir le soir même, quand le procès de son neveu le préoccupait tellement, il ne fallait pas y songer. Malgré son peu d’espoir, il essaya pourtant:

– Mon oncle, dit-il, je crains vraiment d’avoir bientôt besoin de ton aide. Je ne vois pas encore exactement en quoi, mais ce sera sûrement nécessaire.

– Tu peux compter sur moi, répondit l’oncle. Au fond, je ne cesse de songer à la façon dont on pourrait t’aider.

– Tu es bien toujours le même, dit K.; mais je ne voudrais pas indisposer ma tante quand je te demanderai de revenir.

– Ton affaire, dit l’oncle, a bien plus d’importance que ces petits désagréments.

– Je ne suis pas de ton avis, dit K. Quoi qu’il en soit, je ne veux pas t’enlever à ma tante sans nécessité, et je prévois que j’aurai besoin de toi les jours prochains; en attendant, ne veux-tu pas rentrer?

– Demain?

– Oui, demain, dit K. Ou même maintenant. Par le train de nuit. Ce serait plus pratique.

[2] Ce fragment aurait fait partie du chapitre VI dans l’une des versions envisagées par Kafka.


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