5. Les lapsus (2)

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«Si ay-je cogneu une très belle et honneste dame de par le monde, qui, devisant avec un honneste gentilhomme de la cour des affaires de la guerre durant ces civiles, elle luy dit: «J'ay ouy dire que le roy a faict rompre tous les c… de ce pays-là.» Elle vouloit dire les ponts. Pensez que, venant de coucher d'avec son mary, ou songeant à son amant, elle avait encor ce nom frais en la bouche; et le gentilhomme s'en eschauffer en amours d'elle pour ce mot.»

«Une autre dame que j'ay cogneue, entretenant une autre grand dame plus qu'elle, et luy louant et exaltant ses beautez, elle luy dit après: «Non, madame, ce que je vous en dis: ce n'est point pour vous adultérer; voulant dire adulatrer, comme elle le rhabilla ainsi: pensez qu'elle songeoit à adultérer.»

Dans le procédé psychothérapeutique dont j'use pour défaire et supprimer les symptômes névrotiques, je me trouve très souvent amené à rechercher dans les discours et les idées, en apparence accidentels, exprimés par le malade, un contenu qui, tout en cherchant à se dissimuler, ne s'en trahit pas moins, à l'insu du patient, sous les formes les plus diverses. Le lapsus rend souvent, à ce point de vue, les services les plus précieux, ainsi que j'ai pu m'en convaincre par des exemples très instructifs et, à beaucoup d'égards, très bizarres. Tel malade parle, par exemple, de sa tante qu'il appelle sans difficulté et sans s'apercevoir de son lapsus, «ma mère»; telle femme parle de son mari, en l'appelant «frère». Dans l'esprit de ces malades, la tante et la mère, le mari et le frère se trouvent ainsi «identifiés», liés par une association, grâce à laquelle ils s'évoquent réciproquement, ce qui signifie que le malade les considère comme représentant le même type. Ou bien: un jeune homme de 20 ans se présente à ma consultation en me déclarant: «Je suis le père de N. N. que vous avez soigné… Pardon, je veux dire que je suis son frère; il a quatre ans de plus que moi.» Je comprends que par ce lapsus il veut dire que, comme son frère, il est malade par la faute du père, que, tout comme son frère, il vient chercher la guérison, mais que c'est le père dont le cas est le plus urgent. D'autres fois, une combinaison de mots inaccoutumée, une expression en apparence forcée suffisent à révéler l'action d'une idée refoulée sur le discours du malade, dicté par des mobiles tout différents.
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