A. Oublis de noms ayant pour but d'assurer l'oubli d'un projet

A. Oublis de noms ayant pour but d'assurer l'oubli d'un projet

o) A. J. Storfzr «(Zur Psychopathologie des Alltags», Internationale Zeitschr. f Psychoanalyse, II, 1914).

«Une dame bâloise apprend un matin que son amie d'enfance, Selma X., de Berlin, faisant son voyage de noces, est arrivée à Bâle où elle ne doit rester qu'un seul jour. Aussitôt la Bâloise se précipite à l'hôtel. En sortant, les deux amies conviennent de se retrouver l'après-midi et de ne plus se séparer jusqu'au départ de la Berlinoise.

«L'après-midi, la Bâloise oublie le rendez-vous. Le déterminisme de cet oubli ne m'est pas connu, mais la situation à laquelle nous avons à faire (rencontre avec une amie d'enfance tout fraîchement mariée) rend possibles plusieurs constellations typiques, susceptibles de s'opposer à une nouvelle rencontre. Une particularité intéressante de ce cas consiste dans un acte manqué accompli ultérieurement, dans l'intention inconsciente de consolider le premier oubli. À l'heure même où elle devait rencontrer son amie de Berlin, la Bâloise se trouvait en visite chez d'autres amis. À un moment donné, il fut question du mariage tout récent de la chanteuse de l'Opéra de Vienne, Kurz. La dame bâloise parla de ce mariage d'une manière critique (!), mais lorsqu'elle voulut prononcer le nom de la chanteuse, elle ne put, à sa grande déception, se souvenir de son prénom (on sait que généralement les noms monosyllabiques se prononcent associés au prénom). La dame bâloise était d'autant plus contrariée par cette faiblesse de sa mémoire qu'elle avait souvent entendu la chanteuse Kurz et que son nom complet (c'est-à-dire précédé du prénom) lui était tout à fait familier. Mais avant que quelqu'un ait eu le temps de lui rappeler ce prénom, la conversation avait changé de sujet.

«Le soir du même jour, notre dame bâloise se trouve dans une société en partie identique à celle de J'après-midi. Comme par hasard, il est de nouveau question de la chanteuse viennoise que notre dame nomme sans difficulté: «Selma Kurz.» À peine a-t-elle prononcé ce nom, qu'elle s'écrie: «J'y pense maintenant: j'avais complètement oublié que je devais rencontrer cet après-midi mon amie Selma.» Elle regarde sa montre et constate que son amie doit déjà être partie.»

Nous n'avons pas encore une base suffisante pour nous prononcer sur ce bel exemple, intéressant à beaucoup d'égards. Le suivant est beaucoup plus simple: il s'agit de l'oubli, non d'un nom, mais d'un mot étranger, pour une raison en rapport avec une situation donnée. Mais nous faisons remarquer d'ores et déjà qu'on se trouve en présence des mêmes processus, qu'il s'agisse de l'oubli de noms propres, de prénoms, de mots étrangers ou de suites de mots.

Dans le cas que nous allons citer, un jeune homme, pour se créer un prétexte à accomplir un acte désiré, oublie l'équivalent anglais du mot or, alors que ce métal est désigné par le même mot (Gold ) en anglais et en allemand.

«Dans une pension de famille, un jeune homme fait la connaissance d'une Anglaise qui lui plaît. S'entretenant avec elle le premier soir dans sa langue maternelle (c'est-à-dire en anglais) qu'il possède assez bien et voulant prononcer en anglais le mot or, il ne parvient pas, malgré tous ses efforts, à trouver le vocable nécessaire. À la place du mot exact, il trouve le mot français or, le mot latin aurum, le mot grec chrysos qui se présentent d'une façon tellement obsédante qu'il arrive difficilement à les écarter, alors qu'il sait fort bien qu'ils n'ont rien de commun avec le mot qu'il cherche. Il ne trouve finalement pas d'autre moyen de se faire comprendre que de toucher la bague en or que la dame porte à l'un de ses doigts; et il apprend, à sa confusion, que le mot anglais qu'il cherche depuis si longtemps est en tous points identique au mot allemand désignant le même objet: gold. La signification de cet attouchement provoqué par l'oubli doit être cherchée, non seulement dans le désir qu'ont tous les amoureux de se sentir en contact direct avec la personne aimée, mais aussi dans le fait qu'il nous renseigne sur les éventuelles intentions matrimoniales de notre jeune homme. L'inconscient de la dame, surtout s'il est disposé sympathiquement: à l'égard du partenaire, peut avoir deviné ses intentions érotiques dissimulées derrière le masque inoffensif de l'oubli; et la manière dont elle aura accepté et expliqué l'attouchement, peut fournir aux deux partenaires un moyen inconscient, mais très significatif, de prévoir l'issue du fin commencé.»



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